La créatrice Prune Goldschmidt imagine une bourgeoise en roue libre, une femme accomplie qui aurait retrouvé sa part d’enfance.
Elle a grandi dans le Nord de la France, terre d’histoire textile par excellence, avant de débarquer en Charente où son père installe une exploitation agricole. La mode, elle l’apprend chez les Rykiel mère et fille, avec toutes les passions (et les tensions) que cela suppose. Bucolique et citadine, baroudeuse et sophistiquée, romantique et pragmatique, Prune Goldschmidt cultive donc les contraires en toute sérénité. La norme, ce n’est pas vraiment son affaire. D’ailleurs c’est à Bordeaux qu’elle pose finalement ses bagages avec une très grande famille recomposée, et y fonde sa marque en 2020 avec un atelier intégré qui lui permet de cultiver son sens du bel ouvrage. N’attendez pas de Prune Goldschmidt un streetwear multi-logoté ni l’uniforme over sexy de la pseudo-célébrité en quête de notoriété. Non, son credo, c’est le beau vêtement qui permet à la femme d’exprimer sa singularité. Son dressing se construit d’ailleurs autour de chemisiers extrêmement travaillés et de pantalons larges au tombé parfait. La bourgeoise qu’elle imagine ne s’embarrasse guère des conventions. La veste de smoking se porte à même la peau, avec des babies en cuir vernis contrastées. De la garde-robe masculine, elle garde une forme d’audace nonchalante et des détails comme la fourragère, cette décoration militaire imaginée par Napoléon Ier pour les hussards. Les pieds sur terre et la tête dans les nuages, Prune Goldschmidt a tout bon !
Par LAURENT DOMBROWICZ